A peine rétablie assez pour tenir sur ses jambes, à la faveur de la pérnombre précédant l'aube; Azalaïs prit discrètement la route vers Mende, ville où habite messire DocFusion qui avait enterré le corps de l'ancien juge sous un cerisier de son jardin. Etrangement, le mort était plusieurs fois apparu aux yeux d'Azalaïs par le passé, n'ayant de cesse de réclamer un enterrement décent. Elle se souvient même lui avoir demandé si un enterrement cathare lui conviendrait ... A présent, en conjecturant de l'avenir; elle songea que peut être bientôt, elle ne serait plus apte à procéder à un rite d'enterrement, ou à un rite cathare tout court. Elle se devait de se presser afin de tenir la parole qu'elle avait donnée au défunt juge.
Arrivée au bas de la montagne, un cheval l'attendait et elle put ainsi partir au branle bas de combat pour atteindre cette ville au plus tôt.
Dès que cela fut fait; elle demanda à l'un ou l'autre badaud de lui indiquer la maison où demeurait le juge DocFusion. Ainsi, elle se retrouva à frapper à sa porte, à l'improviste, espérant qu'elle ne le dérangerait pas et qu'il aurait un peu de temps à accorder à Azalaïs pour cet enterrement dans les règles. Elle se rappela du souci que ce dernier s'était fait de sa santé auprès du comte, elle lui en avait même envoyé une lettre de remerciement. Alors qu'elle entendait s'agiter dans la maison, elle sourit à la pensée que peut être, le juge pourrait la voir devant sa porte avec autant d'étonnement qu'on voit un mort ressusciter. C'était en effet la première fois qu'elle redescendait de Montségur depuis sa maladie, elle était encore fort pâle; mais tout sourire d'avoir dans le coeur pareil bonheur qu'elle connaissait en ces jours là.